mercredi 31 mars 2010

Cher employeur potentiel, employeuse potentielle

JE SUIS LA PERSONNE QU'IL VOUS FAUT.

Cette lettre de présentation est un peu longue, quand je commence à écrire je ne peux m'arrêter. J'aurais aimé être écrivaine mais bon, faut payer les comptes alors je m'adresse à vous cher éventuel employeur, éventuelle employeuse. Ne cherchez plus, lisez ce qui suit.

Je cherche un emploi. Trois jours semaines ferait mon affaire, de préférence les jours de pluie serait un atout. Je ne voudrais surtout pas être loin de mes jardins un jour de beau temps !

Je dois vous dire qu'il y a quelques années, un malheureux accident m'a laissé de sérieuses séquelles et le travail de bureau semble être le seul qui convienne à ma conditions physique. Le secrétariat ne m’intéresse pas du tout, j'ai déjà donné, durant nombre d'années. Je cherchais autre chose, n’importe quoi, je n’ai pas trouvé. C’est pour cette raison, cher éventuel employeur, éventuelle employeuse à mon futur emploi de bureau, vous verrez qu’il y a un trou de 3 ans dans mon curriculum vitae ci-joint. J’étais en dépression, maintenant je réalise qu’être sans argent aggrave mon cas. C’est la raison pour laquelle je sollicite un poste au sein de votre entreprise.

Durant ces années, je n’ai pas été inactive. J’ai créé 8 nouveaux jardins. J’ai étudié la meilleure solution possible pour arriver à faire une bonne journée de travail sans douleur. Durant trois ans j’ai expérimenté pour en arriver à ces conclusions : Ne pas rester plus de 20 minutes dans la même position. Alterner et porter attention à sa posture en tout temps. À ce rythme, aucune douleur et je peux faire ce que je veux. Alors si vous m’embauchez, ne soyez pas surpris de me voir danser, pratiquer la technique Nadeau, exécuter quelques gestes de Taï Chi ou quelques postures de yoga après chaque 20 minutes de travail. C’est une technique qui a fait ses preuves. Je serai plus productive sans douleur.

Je m’engage à téléphoner avant l’ouverture chaque fois que je devrai m’absenter et aviser à l’avance en autant que faire soit peu. Je ne sais si vous êtes aux faits de cette situation mais la cueillette dans les jardins se fait uniquement durant les jours ensoleillés, après que la rosée est dissipée et lorsque les fleurs commencent à se gorger de soleil. Ces jours là, je devrai m’absenter du travail. Si on pouvait vraiment se fier au canal météo je pourrais aviser à l’avance mais les voies de Mère Nature semblent impénétrables.

J’apprécierais également un horaire variable, adapté au calendrier lunaire, si c’est possible. Vous serez assuré de ma présence à chaque nœud lunaire puisque durant ces jours il est préférable de ne pas intervenir du tout au jardin. C’est à votre discrétion, c’est vous qui décidez mais je dois vous informer que ça réduirait ainsi beaucoup mes absences et qu’en bout de ligne c’est l’entreprise qui serait gagnante.

Je suis une employée dévouée, quoi qu’assez souvent dans la lune car des jardins, ça se rêve avant de se réaliser, ça ne s’improvise pas ! Les plantes occupent toutes mes pensées, de février à novembre j’y pense constamment.

Je suis presque bilingue, un autre atout en faveur de votre entreprise. En fait je maîtrise très bien le français et le latin. Mais l’anglais, ... je le baragouine à peine.

Je suis autonome et propre de ma personne. Sauf peut-être un peu sous les ongles. Mais c’est tellement difficile à partir !

J’aurais une toute petite exigence, la fenêtre de mon bureau doit absolument s’ouvrir, je ne supporte ni les endroits clos ni l’air climatisé, ça me cause des névralgies faciales et dans ce temps là, la douleur est tellement intense que je dois garder le lit.

Un emploi avec plusieurs périodes de vacances serait un atout de plus. Trois jours de congé durant la période des semis, deux semaines de vacances avant celles des mouches de tout acabit, deux autres semaines à la mise au jardin, vers le 1er juin, quelques jours pour les rencontres horticoles, une semaine à la fête des récoltes. Vous trouverez le calendrier complet en annexe de mon curriculum vitae.

Je suis honnête, comme vous le constaterez à la lecture de ma lettre de présentation, et j’ai un grand respect des règles en place. Jamais je n’ai acheté de plantes illégales ou de boisson provenant d’un autre pays. Je connais les risques et je n’enfreins pas la loi. Je n’ai jamais eu de casier judiciaire.

Embauchez-moi éventuel employeur, éventuelle employeuse, je mettrai de la gaieté dans votre entreprise.

Mon offre de service vous intéresse ? Je vous propose de vérifier le point suivant avant de communiquer avec moi pour prendre rendez-vous.

Est-ce que votre entreprise se situe à moins de 30 minutes de marche de chez moi et sur le trajet le long duquel tous les chiens sont attachés ? Je n’ai pas d’auto et j’ai peur des chiens. Si vous ne répondez pas à ces critères, votre demande sera automatiquement rejetée.

Les employeurs chez qui la haute vitesse n’est pas encore rendue, s’abstenir. Pour les autres, l’emploi de bureau que vous allez me proposer m’intéresse vraiment, d’autant plus que je pourrai enfin aller voir les photos de jardins de mes amis jardinautes.

Je suis disponible maintenant, du moins jusqu’à ce que la neige soit entièrement fondue et que le sol ne soit plus détrempé. Après je me réserve deux semaines de congé pour ramasser les feuilles laissées à l’automne. J'adore faire ce ménage au printemps; c’est comme si on libérait les petites plantules qui explosent au soleil. C’est tout un miracle la naissance des plantes chaque printemps, il ne faut surtout pas manquer ça.

Vous pouvez me contacter pour une entrevue ou une visite de mes jardins.

Horticolement vôtre,

La Fée des bois

dimanche 28 mars 2010

3 mois, 3 minutes et 3 secondes

pour poster une lettre

Aux olympiques de la procrastination, je n’obtiendrais peut-être pas la première place mais une chose est certaine, je serais sur le podium… ou pas bien loin.

Je ne sais pourquoi je le fais mais je le fais, c’est ainsi. Prenez par exemple, cette fameuse lettre que j’aurais du mettre à la poste il y a de cela des mois. Ce n’est pas compliqué, elle est déjà prête, sur mon bureau, je n’ai plus qu’à sortir une enveloppe, trouver l’adresse sur le Net, mettre un timbre, prendre une petite marche jusqu’à la boîte aux lettres et la poster.

Plutôt que de simplement le faire, j’attends. J’attends quoi? Je ne sais pas. Chaque fois que mon regard se pose sur elle je me dis avec une petite pointe d’angoisse… c’est vrai, faudrait bien que je poste cette lettre, mais avant même que l’action suive l’intention, je suis déjà partie dans une autre direction.

Dans ma vie, il y a des tonnes de choses que je procrastine. En fait, j’exagère un peu, il y en a sept ou huit tout au plus mais qui me semblent une montagne tellement elles ont pris de l’ampleur avec le temps, occupant continuellement presque tout mon esprit…

Faut que je fasse ceci, faut que je fasse cela, faut, faudrait, c’est comme passer la faux dans mon temps.

Impossible de contacter ma créativité : Toutes nos lignes sont présentement occupées, veuillez régler quelques affaires d’abord et essayer de nouveau, me répète mon cerveau totalement débordé par tant de radotage.

J’ai des comptes à payer, j’ai les sous pour le faire et… y’a cet espace temps qui s’éternise entre l’intention et l’action. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Je devrais peut-être m’autopsychanalyser pour comprendre les raisons qui me poussent à toujours reporter ou bien cesser de me creuser la cervelle pour comprendre le pourquoi du comment et simplement… passer à l’action.

Si je regroupais ces choses à régler qui traînent depuis des mois, ça me prendrait tout au plus… un jour. La moitié pour régler les choses et l’autre moitié pour célébrer car je sais que je me sentirais libre, légère, euphorique même. J’aurais de l’espace à combler avec des choses agréables, inspirantes, édifiantes!

C’est décidé, c’est fini! Plus de procrastination, plus jamais! Et ça commence dès la semaine prochaine!

mardi 23 mars 2010

Mon premier cours de batterie

J'aimerais savoir; peindre comme Botticelli, danser comme Louise Lecavalier, écrire comme Nicole de Buron, chanter comme la Castafiore, et drummer comme Ringo... avant même d'avoir appris, bien sûr. Rien de moins.

Hier c'était mon premier cours de batterie. Oh! la la ! Moi qui croyais qu'il suffisait de tapocher sur des tambours... le choc que j'ai eu !

Par chance, le professeur, un passionné de musique, est un excellent pédagogue; il combine avec justesse information, patience et motivation.

Vous saviez qu'il y a une façon précise de tenir les baguettes? Pas trop près, pas trop loin, entre la première et la deuxième jointure de ce doigt, pas trop serré et je ne vous parle pas de la position des mains qui est tout aussi précise. La posture et l'angle des jambes sont également importants. Et ce n'est pas tout, il y a les notes, les temps, les rythmes... le cours de 30 minutes a passé à la vitesse d'un coup de baguette.

Voiçi un aperçu de ce que je vais pratiquer cette semaine... sur mon tapis de souris au bureau, sur les chaudrons pendant que je prépare le souper, sur les coussins dans le salon, sur mon volant... euh... peut-être pas. Bref, j'utiliserai tout ce qui se trouvera à ma portée. "C'est pas parce que je résonne que tu dois me prendre pour un tambour" m'a dit Copine. Oups!

Je suis fière de bien comprendre cette partition moi qui n'en avais seulement jamais vu une de près avant. Vous voyez comme c'est un bon professeur?

Ceux et celles qui connaissent la musique remarqueront que ce sont toutes des croches, donc 1/2 temps si j'ai bien compris mais... ce n'est pas tout... bien sûr que non, parfois c'est cymbale/grosse caisse en même temps, puis cymbale, puis cymbale/caisse claire et cymbale toute seule et tout ça en... 2 temps finalement (4 croches c'est bien ça ?) et on enchaîne sur un autre deux temps différent. Jouer de la batterie demande une bonne coordination. Un et deux et trois et quatre et!

C'est du sport extrême j'vous jure ! Et tout ça sans oublier la position des mains, des doigts, du pied (note à moi-même... pas de talons hauts la prochaine fois).

Mes baguettes ont songé prendre leur retraite hier soir mais... je ne les laisserai pas faire... pas tout de suite. Il y a tout plein d'autres rythmes à explorer avant!

samedi 20 mars 2010

C'est le printemps

dans ma maison

Le printemps s'est d'abord installé dans la maison et bientôt se sera au tour des jardins de revêtir toutes ces magnifiques couleurs qui réchauffent le coeur, éblouissent le regard et réjouissent l'âme.

Bon printemps !







vendredi 19 mars 2010

Pas de semis cette année

19 MARS - FÊTE DE ST-JOSEPH

Depuis plusieurs années, cette date représente beaucoup pour moi. Pas que je sois vraiment religieuse, mais pour une horticultrice elle indique que le temps est venu, selon la tradition, de faire les semis intérieurs de tomates.

Cette année, ce sera un jour comme les autres car j’ai décidé de ne pas faire de semis; j’ai un nouveau boulot qui m’occupe à plein temps, je n’ai pas le temps.

Je n’en fais donc pas cette année, pas du tout. De toute façon, la cuisine est en rénovation, je n’ai pas d’espace pour ces petits semis, la table n’est pas fonctionnelle, je viens d'enlever les trois néons pour repeindre le plafond. Ces dernières années, la maison entière se transformait en pouponnière à semis et en mai il y en avait partout : sur la table, dans le salon, le bureau, le boudoir, même le bain était parfois utilisé pour bassiner certaines plantes.

L’an dernier j’ai eu l’idée de génie d’installer sur mon lit un contreplaqué que je pourrais remonter grâce à un ingénieux système de poulies et sur lequel je pourrais déposer des dizaines de plantes. Cette idée est restée au stade de... projet. Je ne l’ai pas fait.

Mais cette année, la question ne se pose pas, je ne fais pas de semis; pas de temps, pas d’espace. Peut-être, tout au plus, trois plants de petites tomates à cueillir comme des bonbons : Petit Moineau, Poires Jaunes et Raisins Vert. Trois plants, c’est tout. Pas un de plus.














L’expérience m’a appris qu’il est toujours plus sage d’en semer quelques-unes de plus juste au cas où... si le taux de germination est faible, s’il y a fonte des semis, ... ce sont des choses qui arrivent. Alors, je ne prendrai pas de chance, j’en sèmerai 2-3 graines de chaque variété. Mais pas plus.

Quoi que... j’adore croquer à belles dents dans une bonne grosse tomate toute chaude de soleil. Une salade tomates bocconchini, un sandwich tomates laitue, composé avec des fruits savoureux, qu’on a dorlotés, observés, soignés, vu grandir... c’est tellement bon, ça goûte la Vie!

Peut-être que je pourrais juste faire quelques semis de Stupice, parce que c'est une variété précoce qui donne des tomates tellement savoureuses...

Peut-être pourrais-je aussi partir quelques plants de la MéMé de Beauce, provenant de semences qu’un menuisier aurait découvertes en démolissant une vieille maison à St-Joseph de Beauce, ou encore la Radiator Charly mis au point dans les années 30-40 par un garagiste, spécialisé en réparation de radiateur. Je trouve leurs histoires rigolotes.

D’autres tomates sont surprenantes : la Noire de Crimée si savoureuse, la Canabec originaire du Québec, la Pêche blanche étrangement recouverte de duvet, la Green ou Red Zebra parce que leurs rayures amusent toujours les visiteurs du jardin...

C’est fou le nombre de cultivars de tomates ancestrales disponibles. Ce serait triste de laisser dormir notre héritage horticole dans une boîte à chaussures !

Pour honorer ce passé, je vais en semer quelques-unes... pas beaucoup. Mais en avril... je ne ferai pas d’autres semis, ni boutures... je crois.

mardi 16 mars 2010

Premiere cueillette

Malgré cette neige qui s'agrippe encore à mes jardins, quelques brins de thym ont réussi à se faufiler pour se faire dorer la feuille au soleil. Incroyable n'est-ce pas ?









Aujourd'hui, c'est avec un enthousiasme à peine contenu que j'ai cueilli quelques brins de ce thym au parfum de citron. Bien calée dans ma chaise, pas celle de la photo ci-haut mais celle sur la terrasse, j'ai dégusté une douce infusion préparée à partir de cette toute première herbe du printemps. Quelle belle vie !

lundi 15 mars 2010

Les écrits s'envolent...

...mais les paroles restent. Ah! Ah! Vous aviez toujours cru que c’était l’inverse !

On peut égarer un livre, le donner, l’oublier, le détruire, mais une parole peut rester en nous et influencer le reste de notre vie. Un livre aussi, pensez-vous peut-être…

Laissez-moi vous exposer ma théorie, née durant une nuit d’insomnie.

Ce n’est pas l’écrit qui reste mais la parole qu’il fait naître et que l’on fait sienne.

Une parole lue, entendue ou interprétée à partir d’une mimique, d’une moue ou même d’un regard a un pouvoir énorme, un pouvoir de vie et de mort. Une parole qui entre en nous, qui devient nous, peut nous faire avancer, nous faire stagner ou même éteindre une partie de soi.

Ça fait du sens ?

Même si dans mon petit réseau, dans mon environnement sécurisant je reçois de beaux commentaires sur les textes que j’écris… comment se fait-il que mes démons, ceux qui lisent par-dessus mon épaule, n’aient pas le même discours ? Jamais ils ne disent: « Vas-y, il y a toujours des gens qui se reconnaissent dans tes histoires et ça leur fait du bien, tu sais que tu as un don pour raconter la magie du quotidien, c’est une belle tournure de phrase que tu viens de faire là, celle-ci est vraiment drôle, … »

Non, mes démons ne sont pas motivateurs, ils sont plutôt moqueurs, à la limite du méprisant. Le discours édifiant leur est inconnu. « Tu fais des fautes, tes phrases sont à l’envers, tu ne vas pas présenter un premier jet, un texte doit être réécris et réécris encore, n’est pas écrivaine qui veut, ça prends des années, méchante imposture, … »

Comment se fait-il qu’une remarque blessante, même entendu qu’une seule fois puisse s’incruster si profondément? Comment se fait-il qu’elle puisse avoir un tel pouvoir ?

Pour écrire ce blog, j’ai dû museler mes démons et... j’ai aimé ça. J’ai même espoir qu’avec le temps, en persévérant à faire ce que j'aime, en célébrant chacune de mes petites victoires, ils finiront par se calmer, peut-être même par se taire.

« Tu ne peux pas mettre ce texte dans le blog, c’est même pas drôle, tu vas faire fuir les gens » qu’ils m’ont dit en choeur.

Je suis certaine que les gens ont aussi des démons, ils comprendront.

À bientôt !

Les baguettes en l'air

Je m’apprête à vivre une nouvelle expérience! Comme je l'ai écrit dernièrement, dans une semaine, jour pour jour, je serai assise devant une batterie pour mon tout premier cours. De moissonneuse, je deviendrai batteuse.


Hier soir Copine est revenue du boulot avec un cadeau pour moi; une paire de baguettes avec de jolies fleurs... des roses rouges, des vraies baguettes d'horticultrice.



Assise devant la télé, j'ai inventé des rythmes sur un coussin moelleux déposé sur mes genoux... impossible de faire des poumtchac avec cette batterie improvisée, j'ai dû me contenter des pouf, pouf, pou pou pouf.

Je suis vite venue à court de rythmes originaux... j'ai alors décidé de pratiquer autre chose... faire tourner la baguette dans ma main... j'ai déjà vu ça à la télé, ça m'avait impressionnée.

J'imagine que l'habileté viendra avec la pratique... en attendant, Copine, assise près de moi, est allée chercher ses lunettes et son casque de sécurité.

Beding bing bing rebing … Oups! Ma baguette est encore tombée sur le plancher.

Malgré mon peu d’expérience, j’ai tout de même rapidement développé un savoir-faire tout nouveau. Des coups réguliers, bien rythmés d’une baguette sur l’autre… cinq, six, sept et huit ! C'est un bon début !

Quand mon trip sera terminé, je pourrai recycler mes baguettes… un ami m’a suggéré de m’en servir pour les sushi, c'est une bonne idée mais je vois aussi tout plein d’autres applications : le petit bout rond serait parfait pour faire les trous pour semer les haricots; la baguette ferait un élégant tuteur pour mon petit coléus sur tige; elle est de la longueur idéale pour mesurer la distance entre les rangs de laitues.

Décidément, on revient toujours au domaine agricole.

À bientôt!

Cinq, six, sept et huit !

dimanche 14 mars 2010

Monologues - FIN

Hier c'était la deuxième et dernière représentation.

Les monologues ont été une expérience absolument extraordinaire, je me sens très privilégiée d'en avoir fait partie. J'ai rencontré des femmes magnifiques, des femmes de coeur, et un homme aussi.

La Vie a le don de nous faire des surprises parfois. Je vous raconte.

Quelques minutes avant la présentation, juste devant la porte des toilettes, j'ai fait une rencontre inattendue. Je suis arrivée nez à nez avec une femme avec qui j'avais travaillé... 10 années plus tôt.

Malheureusement, notre relation s'était très mal terminée, on s'était écorchées... d'applomb.

C'était la première fois qu'on se revoyait. "J'ai tellement de peine chaque fois que je pense à toi" qu'elle m'a dit.

C'était une rencontre très troublante... il y a 10 ans, je croyais fermement qu'elle avait tous les torts... mais depuis j'avais bien compris qu'ils étaient partagés...

On s'est fait un intense, un très intense calin. "Je ne veux plus jamais que tu ais de la peine, promis? C'est du passé... je suis dé-so-lée."

Dans les monologues, je me faisais la porte-parole de ces femmes blessées qui réclamaient des excuses et dans ma propre cours, j'avais blessé quelqu'un sans m'excuser. Et vlan dans les dents!

C'est avec une boule au coeur et les yeux plein de larmes que je suis retournée dans ma loge. Les filles m'ont demandé si c'était encore la scène "Dis-le" qui me bouleversait autant. Non, c'est à cause d'une femme que j'ai rencontré dans les toilettes.

J'ai dû me rassembler rapidement car la pièce commençait quelques minutes plus tard.

Ça s'est bien déroulé mais c'était différent de la veille.

Aujourd'hui, je suis une tristounette dans un jour tristounet. Paraît que c'est normal après une expérience d'une telle intensité. Ça va passer.

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Paul Verlaine

Je vais me laisser bercer par la mélodie des gouttes de pluie et celle du vent qui essait d'entrer par les vieilles fenêtres mal ajustées... peut-être est-ce pour m'envelopper?

samedi 13 mars 2010

Les Monologues du Vagin

Hier soir, c’était la générale publique de la pièce « Les Monologues du Vagin » dans laquelle je participais.

C'est fou comme le temps se bouscule... C'est à peine une heure avant la générale publique qu'on a pratiqué les déplacements pour la première fois... ferme la lumière, va au lutrin, ferme la lumière, tout le monde debout, ferme la lumière, on change de place. Je me demandais bien si on allait se rappeler de tout ça.

À 19h30, c'est dans une salle remplie à pleine capacité qu'on est entrée. Il y avait des gens partout, il y en avait même debout.

François Jobin avait écrit que c'est dans "un moment d'inconscience pure" qu'il avait accepté de faire la mise en scène car le défi était de taille; au départ une trentaine de femmes dont une poignée seulement était déjà montée sur les planches... mission impossible... qu'il croyait.

Il y a eu... de la magie... je ne vois pas d'autres mots pour décrire comment le spectacle s'est déroulé; les déplacements, la lumière, la lecture et même la musique qu'on entendait pour la première fois.

Certes le texte était puissant mais avec l'expérience et les suggestions du metteur en scène, sa puissance s'est multipliée par deux, par cinq, par dix!

Toutes les "comédiennes" ont été extraordinaires. Il y avait comme une fusion, une connexion avec les gens dans la salle. Quand ceux-ci riaient aux éclats, la comédienne, spontanément faisait une petite pause comme si elle offrait cet espace pour que le public s'exprime à son tour. Ça m'a fasciné.

Les gens dans la salle ont traversé avec intensité toute la gamme des émotions. Ils ont ri aux larmes mais ils ont aussi été dégoûté, ils ont peut-être même aussi pleuré, moi en tout cas j'ai pleuré. Je n'ai pu contenir, malgré mes efforts.

C'était dans la scène "Dis-le". Je faisais l'introduction en expliquant que durant la seconde guerre mondiale, le gouvernement japonais kidnappait entre 50 000 et 200 000 jeunes femmes et les réduisait en esclaves sexuelles. Aujourd’hui ces « femmes de réconfort », comme on les appelait parfois, ont entre 70 et 90 ans et alors qu’elles s’éteignent petit à petit, elles demandent des excuses officielles du gouvernement japonais en reconnaissance de ce qu’il leur a fait subir. Le gouvernement japonais nie toujours toute responsabilité. J’ai du prendre une profonde respiration avant d’arriver à lire cette dernière phrase. C'est tout de même pratique de réaliser tout à coup qu'on a le droit de respirer... surtout quand la pièce dure 1h30.

À l’unisson, vingt femmes se sont levées et ont porté la parole de ces « femmes de réconfort » afin qu’elles ne tombent pas dans l’oubli : Ce qu’on leur avait promis; ce qu’elles ont trouvé; ce qu’on les a forcé à faire; ce qu’elles sont devenues. Parfois, c’était une seule femme qui lisait une ligne, pour certains autres passages c’était l’ensemble. C’était carrément insoutenable. C’est là que mes larmes se sont mises à couler. La scène se termine par des femmes qui disent au gouvernement japonais, à tour de rôle et ensemble : Dis-le, dis-le moi, nous sommes désolés, dis-le moi, à moi, à moi, dis-le, juste ce mot Dé-so-lé.

Je crois que si la scène ne s’était pas terminée à cet instant, les gens seraient sortis de la salle.

Vous pouvez ressentir l’intensité ? (J'ai profité d'un black et des applaudissements pour me moucher discrètement à l'arrière scène... j'étais juste sous un micro j'étais pas pour renifler pour tout le reste du spectacle)

Comme je l’écrivais, toute la gamme des émotions y était alors… il y a eu également des passages très… même très drôles comme… la démonstration des différents types de gémissements : le clitoridien, le presque gémissement, le semi-religieux, le montagnard, l’inopiné, le gémissement militante bisexuelle totalement libéré, le gémissement mitraillette, le diva,…

Ah! Ah! Je vous vois d’ici essayer d’imaginer quel son ça peut bien donner !

Je crois que c’est la partie avec laquelle on était le moins à l’aise mais… on a dépassé nos barrières, on s’est lâchées lousses et les gens se tordaient de rire.

Y’a bien eu quelques bafouillages, un toussotage, un ou deux décalages mais ça fait partie de la game, ça fait partie de la vie. L’objectif n’était pas d’être parfaite mais de sensibiliser les gens à une réalité, d’amasser des fonds pour une bonne cause et que les gens aient du plaisir et dans ce sens c’est… mission accomplie !

vendredi 12 mars 2010

Journée magique

Ça fait tellement de bien de vivre une journée pleine de magie !

J'ai déposé mon pinceau sur la glace pour trois jours... je reprendrai le faux-fini des armoires après. Je garde toute mon énergie pour les spectacles de ce soir et de demain... "Les monologues du vagin". Je suis tellement stressée... je croque des p'tits bouts de carottes depuis ce matin mais là faut que je change de technique de relaxation car j'ai les dents... oranges!

Bon, ma journée magique d'hier...

D'abord, j'étais invitée à un salon-conférence pour les femmes des Basses Laurentides. J'y ai rencontré des femmes absolument extraordinaires, entre autres, madame Tsouflidou (Cora déjeuner) qui est une femme que je trouve très inspirante et qui est venue faire une présentation sur le burn-out. J'ai également fait la rencontre de la très intense et très étonnante Pol Pelletier, une rencontre bouleversante qui ne sera pas la dernière... j'espère.

Vous ne la connaissez pas ? Allez Googeler un peu ou rendez vous sur polpelletier.info

Bien sûr, pour aller à ce salon-conférence, je m'étais déguisée en professionnelle, cela va de soi; coiffure impeccable, tailleur, talons et collier de perles.

J'ai malheureusement du quitter le Salon-conférence juste avant le service des mets préparés par les femmes traiteurs, productrices et agricultrices de la région et avant la conférence de Madame Janette Bertrand.

C'était la dernière répétition de la pièce dans laquelle je participais et je ne pouvais manquer ça. Je suis arrêtée à l'épicerie, acheté un sandwich que j'ai mangé dans la cuisine de l'école de danse et musique où avait lieu la répétition.

Juste à côté, quelqu'un donnait des cours de batterie. À travers le mur, j'entendais des bam bam mais également la voix patiente de l'enseignant qui répétait encore et encore, essayant parfois un chemin différent pour apprendre à son élève le fameux bam bam ba ba bam ou encore le ba ba ba bam. De ce côté du mur, je l'accompagnais en tapant du pied pendant que je mangeais mon sandwich.

J'ai terminé en même temps que le cours... j'ai vu un jeune garçon, peut-être 10 ans sortir avec ses baguettes. Je me suis levée pour aller voir l'instrument; une batterie gigantesque. J'ai rencontré le prof, un jeune passionné dans la vingtaine. J'ai réfléchi 2 secondes et quart... "J'aimerais bien prendre quelques cours avec vous, pas une session complète, 3-4 cours, juste pour le trip... j'ai jamais essayé ça... c'est possible ? "

Madame Tsouflidou avait dit ce matin que pour sortir de la déprime, fallait faire des choses qui nous font plaisir. J'aurai mon premier cours le 22 mars. Je ne vais pas y aller en tailleur, talons et collier de perles cette fois.

Cette idée m'emballe... pour l'expérience nouvelle, pour la pratique de coordination, pour le défoulement, pour faire travailler mon cerveau gauche et mon droit différemment, mais surtout, pour le plaisir que cette idée me procure... on verra si l'expérience m'en donne autant.

Bam bam ba ba bam ba da boug ding !

Bonne journée !!!